Sur la scène rock Shrouded and the Dinner est un groupe à part. Composé d’artistes plasticiens, principalement des dessinateurs, le groupe invente sans complexe et avec une vraie dose de plaisir une musique vivante comme un langage. Mais pourquoi les artistes ont-ils ce besoin de musique ? C’est ce que nous avons tenté de savoir en rencontrant Julien Tiberi, artiste, batteur de Shrouded and the Dinner (notamment).
In the rock scene, Shrouded and the Dinner is a group apart. Made up of visual artists, mainly draughtsmen, the group invents a live language-like music, in a straightforward way and with a real dose of pleasure. But why do artists need music? This is what we tried to find out by meeting Julien Tiberi, artist and Shrouded and the Dinner drummer (as well as a dozen other groups).
Guillaume Mansart : Comment est né Shrouded and the Dinner ? Qui compose le groupe?
Julien Tiberi : Avant de te répondre, je précise que ma parole est tout à fait subjective et incomplète en l’absence d’Astrid, Lina, Adel et Sylvain. Mais il se peut aussi que les uns comme les autres soit derrière certaines phrases.
Shrouded est composé de plasticiens: Astrid De la Chapelle (tromboniste, chant), Lina Hentgen (basse, chant), Sylvain Azam (guitare, chant, flûte, sample), Adel Ghezal (clarinette, chant, guitare, basse, synthé..) et moi-même pour les percussions. Nous avons tous été formés en Ecole d’art, certains d’entre nous se sont rencontrés pendant leurs études.
Mais le groupe est né il y a trois ans de deux duos qui faisaient de la musique bricolée dans leur chambre. Astrid et Lina d’un côté, Sylvain et Adel de l’autre. On ne se connaissait pas, mais nous étions intuitivement très proches, ne serait-ce que par une culture musicale commune, le rock, les chansons sentimentales, voire une certaine pop qui jubile de traficote et de cacophonie.
G.M. : Pourquoi des artistes « plasticiens » ont-ils eu le désir de monter un groupe ?
J.T. : C’était une occasion, motivée par l’envie de monter un projet collectif en dehors mais aussi dans les balises de l’art contemporain. L’école d’art de la Villa Arson que j’ai partagé avec Lina, Sylvain et moi a eu un rôle important pour moi. Il se trouvait qu’en dehors de nos activités d’atelier et des considérations portées pour les objets d’art ou expositions, c’était bien la culture rock qui transpirait au travers de cette édifice. Certains de nos enseignants menaient cette double activité de plasticien-musiciens. Ils défrichaient les fulgurances clandestines des disques oubliés de l’histoire. Tout cela occasionnait les conversations de soirées et avec les ateliers ouverts, de possibles Jam-session.
Il nous a semblé presque naturel de poursuivre nos expériences artistiques dans une expérience musicale quasi performative. Nous avions de nombreux exemples d’artistes sous nos yeux (SpliTt, 10tflops, Jean-Luc Verna, le label des disques en rotins réunis,..) avec en background Art & Language et Red Krayola, Henry Flynt, Suicide, Sonic Youth…
J’ajouterai qu’Astrid fréquentait les fanfares au moment de ses études.
G.M. : Qu’est-ce qui unit Shrouded and the Dinner et la revue m.e.r.c.u.r.e. ?
J.T. : C’est bien le projet éditorial de la Revue m.e.r.c.u.r.e. qui a réuni Astrid, Lina, Sylvain et Adel pour accompagner le lancement. Le groupe n’existait pas au moment de leur proposition, la revue a accéléré les choses. Je n’ai intégré le groupe qu’au deuxième concert, lors d’un second lancement de la revue à la librairie Le Monte-en-l’air. À mon grand regret je n’ai pu assister au premier concert qui comportait déjà quatre chansons. La revue nous a ensuite re-sollicité pour le lancement du second numéro, les choses avaient changé, nous ciselions une dizaine de compositions sur scène et les arrangements qui semblaient approximatifs devenaient la promesse d’une contrefaçon pour nos chansons au gré des concerts.
Guillaume Mansart : How did Shrouded and the Dinner come into being? Who makes up the group?
Julien Tiberi : Before I answer, let me point out that what I have to say is totally subjective and incomplete in the absence of Astrid, Lina, Adel and Sylvain. But it’s also possible that they would agree with some of what I have to say.
Shrouded is made up of visual artists: Astrid de la Chapelle (trombone, vocals), Lina Hentgen (bass guitar, vocals), Sylvain Azam (guitar, vocals, flute, sample), Adel Ghezal (clarinet, vocals, guitar, bass guitar, synthesizer…) and myself on percussion. We all went to Art School, and some of us met during our student days. But the group came into being three years ago out of two duos who were making cobbled-together music in their bedrooms. Astrid and Lina on the one hand, Sylvain and Adel on the other. We didn’t know each other, but we were intuitively very close, if only through a shared music culture, rock, sentimental songs, and even a certain pop that celebrates « traficote » and cacophony.
G.M. : Why did “visual” artists want to set up a group?
J.T. : It was an opportunity, driven by the desire to put together a collective project outside but also within the boundaries of contemporary art. The Villa Arson art school in Nice which I attended with Lina and Sylvain, played an important part for me. It so happened that outside our studio activities and the way we regarded art objects and exhibitions, it was indeed the rock culture that came to the fore through that building. Some of our teachers had that double activity of visual artist-cum-musician. They sorted through the underground dazzle of disks forgotten by history. All that gave rise to conversations at parties and to possible jam sessions, with the open studios. It seemed to us almost natural to pursue our artistic experiments in an almost performance-like musical experiment. We had many examples of artists before our very eyes (SpliTt, 10tflops, Jean-Luc Verna, the label “Les disques en rotins reunis” with, in the background, Art & Language and Red Krayola, Henry Flynt, Suicide, Sonic Youth…
I would add that Astrid was hanging out with brass bands during her studies.
G.M. : What is it that connects Shrouded and the Dinner with the magazine m.e.r.c.u.r.e?
J.T. : In fact it’s the publishing project of the magazine m.e.r.c.u.r.e. that brought Astrid, Lina, Sylvain and Adel together to accompany the launch. The group didn’t exist when they made their proposal, the magazine speeded things up. I only joined the group at the second concert, during a second launch of the magazine at the Le Monte-en-l’air bookshop. To my great regret I wasn’t able to be at the first concert, which already included four songs. The magazine then asked us again to launch the second issue. Things had changed, we were crafting a dozen compositions on stage and the arrangements which seemed approximate depending on the concerts.
G.M. : Qu’est ce qu’on trouve dans la musique qu’on ne trouve pas dans l’art quand on est artiste visuel ?
J.T. : Dans l’atelier, je pense parfois à ce genre d’énigme quand je me retrouve face à un matériau vierge d’opérations, avec en creux la mélancolie de la dimension collective des répétitions de la veille. J’essaye de comprendre les conditions qu’une expérience de groupe crée: des va-et-vient sans pareil, des égarements harmonieux, quelques fins de morceaux qui tombent juste, des coïncidences dissonantes… Je réalise alors que la musique n’a de sens que sur le moment et qu’elle ne s’actualise qu’en présence des autres musiciens, au contraire de mon matériau « fini » qui ne pourra exister qu’en mon absence.
Shrouded & The Dinner est une situation musicale équivalente à une conversation que l’on aime à reprendre. Le temps occasionnant quelques trous de mémoire, les morceaux s’en trouvent, de ce fait, ré-inventés.
G.M. : Comptez-vous alors enregistrer ou la nature de Shrouded and the Dinner est-elle d’exister dans le live ?
J.T. : En réalité, Ils existent un nombre conséquent d’enregistrement de chaque morceaux captés lors de nos répétitions et concert. Nous avons, aussi, fait l’expérience de rentrer en studio mais les méthodes conventionnelles, la capture séparée des instruments et des voix, contrariaient beaucoup notre musique. Adel a commencé récemment à faire du montage de bouts de moments,
une pièce sonore qui bricole de la différence avec nos concerts et qui apporte une piste nouvelle.
G.M. : Peut-on retrouver du Shrouded and the Dinner dans vos travaux artistiques ? Adel Ghezal présente par exemple des dessins (« Salted tears » « The Nick ») tirés du projet…,
J.T. : Adel avait réalisé cette série de dessin à partir des titres de nos morceaux qui devenaient des panneaux et accessoires de fond de scène pour les concerts. Une personne était invitée à les présenter façon « Ring Girl » des combats de boxe entre chaque chansons. Parfois, sans playlist, on découvrait le titre à jouer par le biais de ses dessins brandis entre chaque morceau. Ta question semble désigner Shrouded & the Dinner comme un sujet et à la fois comme un objet pour de possibles correspondances à des gestes plastiques…
Je me sens un peu dans l’impasse pour parler de cette dimension présente ou absente dans les travaux de chacun, mais au fond, n’y a-t-il pas un peu de « The man who has been down » dans les journaux de nuits d’Adel, d’ «Apples on the table» dans les peintures de Sylvain, de «My Dove» dans les vallées dessinées d’Astrid et de «Woman» dans les images composites d’Hippolyte Hentgen….?
Quant à mon propre travail, si tout cela vient d’un temps articulé par l’oreille, je me dérobe en sifflotant les paroles de Sylvain :
« Like a Painting on the Wall
[…]
Is it Sheets of Bed ? Is it Full of Air ?
Is it Real Scale ? Is it Parrallel ?
What we see / may not be / what we see / etc. »
(Shrouded & the Dinner, Apples)
G.M. : What do you find in music that you don’t find in art when you’re a visual artist?
J.T. : In the studio, I sometimes think of this kind of enigma when I find myself looking at material that hasn’t been worked on, with, implicitly, the melancholy of the collective dimension of the day before’s rehearsals. I try to understand the conditions which a group experience creates: going back-and-forth in unequalled ways, harmonious follies, a few ends of pieces which are just right, dissonant coincidences…I realize then that music only makes sense in the moment and that it is only updated in the presence of other musicians, unlike my “finished” material which will only exist in my absence.
Shrouded and the Dinner is a musical situation equivalent to a conversation that you like taking up again. Because time causes a few memory gaps, the pieces are re-invented as a result.
G.M. : So do you reckon on recording, or is it in the nature of Shrouded and the Dinner to exist live?
J.T. : In reality, there’s a large number of recordings of each piece captured during our rehearsals and concerts. We’ve also had the experience of going back to the studio but conventional methods, the separate capture of instruments and voices, disrupt our music a lot. Adel recently started editing scraps of moments, a sound piece that fiddles with the difference with our concerts and brings in a new track.
G.M. : Is it possible to rediscover Shrouded and the Dinner in your art works? Adel Ghezal, for example, presents drawings (“Salted Tears”, The Nick”) taken from the project…
J.T. : Adel produced that series of drawings based on the titles of our pieces which became panels and basic stage props for the concerts. A person was invited to present them like a Ring Girl in boxing matches between each song. Sometimes, with no playlist, we discovered the title to be played through his drawings wielded between each piece. Your question seems to point to Shrouded and the Dinner as a subject and at the same time as an object for possible liaisons with plastic gestures…
I feel in a bit of a dead end talking about this dimension that’s present or absent in everyone’s work, but essentially isn’t there a bit of “The man who has been down” in Adel’s night diaries, and a bit of “Apples on the table” in Sylvain’s paintings, and “My Dove” in the valleys drawn by Astrid, and “Woman” in Hippolyte Hentgen’s composite images…?
As for my own work, if all this comes from a tempo articulated by the ear, I steal away whistling Sylvain’s words:
“Like a Painting on the Wall
[…]
Is it Sheets of Bed? Is it Full of Air?
Is it Real Scale? Is it parallel?
What we see/may not be/what we see/ etc.”
(Shrouded and the Dinner, Apples).
G.M. : Il y a principalement des dessinateurs dans Shrouded and the Dinner, y a t il une corrélation entre ces deux pratiques ?
J.T. : Il est vrai que beaucoup d’entre nous pratiquent le dessin, mais pas seulement: Adel intègre la photo, le collage, la poésie, Sylvain fait de la peinture, Lina Hentgen, avec le duo Hippolyte Hentgen, pratique dessin, peinture, collage, installation, sculpture… Et je réalise aussi des peintures, parfois des sculptures et des installations. Astrid est dessinatrice mais travaille aussi le film. J’ajouterai que la pratique sonore est tout aussi importante pour chacun. On peut très bien croiser Sylvain en train d’enregistrer le rythme effréné d’une canalisation dans la rue, Adel faire du montage sonore de ses conversations hallucinés avec la nature, Lina faire de la Noise munie d’une casquette Dingo et Astrid archiver ses pas sur l’île de Pâques.
G.M. : Tu parles souvent d’un langage qui se met en place à travers la musique et qui se substitue à la parole… Je crois que le jeu est une expérience très forte pour toi, tu parles d’une sorte de communauté de pensée qui s’active…
J.T. : On a toujours fait avec ce qui surgissait – ou ce qui ne surgissait pas -, ce qui me semble lié à la parole. Peut-être cela provient-il d’un apprentissage de la musique en autodidacte?
Le jeu que tu énonces réside dans le fait de traverser une expérience du son en s’organisant autour de nos réflexes. Nous sommes cinq solistes qui essayons de tenir sur un même plan face à ce qui nous transforme. Il est arrivé parfois que l’un d’entre nous soit absent pour un concert, voire que Shrouded & the Dinner soit réduit à deux de ses membres. Ces situations nouvelles qui donnent la possibilité de maintenir l’interprétation ne peut en réalité se fabriquer que dans une non-hiérarchisation des membres du groupe.
G.M. : Quelle est la part d’improvisation dans les morceaux que vous jouez ?
J.T. : Il y a tout d’abord les compositions de morceaux qui nous parviennent de la part de chacun des compositeurs, Lina, Sylvain, Adel. Ils enregistrent, souvent, dans leur coin, ce qui donne à ses « démos » l’aspect singulier d’un document où le spontané rencontre la fraicheur de la trouvaille.
Nous organisons ensuite des répétitions en mode feux de camps afin d’y ajouter des ornements sonores qui seront variés à chaque concert. L’étirement, l’accélération, les baisses d’intensité, les accents et l’énergie adviennent ou pas …
G.M. : Certains morceaux semblent vraiment expérimentaux, d’autres plus mélodiques, presque pop… Quels sont les influences du groupe ?
J.T. : Les influences du groupes traversent quelques courant musicaux comme le rock alternatif, le post-punk, la folk, l’expérimental, le free jazz, la Lo-fi music…on y trouve les expérimentations de R.Stevie Moore, les mélodies brut de Maher Shalal Hash Baz, la spontanéité de 49 Americans. Les touchantes voix féminines de Marine Girls,The Raincoats, The Slits puis Les fanfares, l’expérience collective du Portsmouth Sinfonia, la figure de Dorothy « Dot » Wiggin, Harry Partch, la poésie de James Joyce…
G.M. : Une dernière question qui s’adresse plus spécifiquement à toi : tu fais partie de plusieurs groupes, pourquoi as tu ce besoin de multiplier ces expériences ?
J.T. : Pour les citer, je joue avec I Apologize (Jean-luc Verna, Gauthier Tassart), Vitaphone (Pierre Ryngaert, Vincent Israel-Jost, Richard Höglund), The Stains (David Ancelin, Jerôme Robbe), Invisible Nuts (Laurent Isnard, Stephen Loye) puis un duo clandestin avec ma compagne Bettina Samson. Tout ça relève avant tout d’une aventure amicale et musicale qui prolonge celle de ceux qui m’ont permis de remettre le pied à l’étrier quand je fus batteur d’occasion: SpliTt (Jacques Julien, Hugues Reip, Dominique Figarella), Finger On You (Arnaud Maguet, Richard Prompt), John C Judd, Sugarcraft (John Deneuve, Doudouboy) et Stone & Charnel (Joël Hubaut et Léa Le Bricomte) …
La plupart des membres de ces groupes sont également artistes.
Pour répondre à ta question, toutes ces expériences qui se sont définies et qui se définissent encore dans le jeu mis en commun me permettent de comprendre qu’il y a un peu de mémoire dans la main, mémoire que j’utilise afin de m’arranger avec la musique en train de se faire.
G.M. : There are mainly draughtsmen and –women in Shrouded and the Dinner. Is there a link between these two activities?
J.T. :It’s true that a lot of us draw, but not only: Adel includes photography, collage and poetry, Sylvain paints, Lina Hentgen, with the Hippolyte Hentgen twosome, does drawing, painting, collage, installation and sculpture… And I also make paintings, and sometimes sculptures and installations. Astrid draws but she also works with film. I would add that sound is just as important for everyone. You will easily come upon Sylvain in the process of recording the frenzied rhythm of a pipe in a street, Adel doing sound editing and montage with her wild conversations with nature, Lina making Noise wearing Dingo headphones, and Astrid archiving her footsteps on Easter Island.
G.M.: You often talk about a language that sets itself up through music and replaces words…I think that games are a very powerful experience for you, you talk about a kind of community of thinking that’s becoming active…
J.T. : We’ve always gone along with what came up…or didn’t come up, which seems to me to be connected with words. Maybe this comes from a musical apprenticeship as someone self-taught? The games you mention reside in the fact of going through a sound experience by organizing yourself around our reflexes. We’re five soloists who are trying to keep on one and the same plane in relation to what’s transforming us. It’s sometimes happened that one of us is absent for a concert, and even that Shrouded and the Dinner is reduced down to just two of its members. These new situations which offer the possibility of maintaining the interpretation cannot in reality be created except in a non-heirarchic organization of the group members.
G.M. : What’s the share of improvisation in the pieces you play?
J.T. : First of all, there are the compositions of pieces which come to us from each one of the composers, Lina, Sylvain, and Adel. They often record in their corner, which gives their demos the unusual look of a document where the spontaneous meets the freshness of the find. Then we organize rehearsals in a camp-fire way so as to add acoustic ornaments which vary with every concert.
Extension, acceleration, drops in intensity, emphases, and energy, it all either happens or it doesn’t…
G.M. : Some pieces seem truly experimental, others more melodic, almost pop…What are the group’s influences?
J.T. : The group’s influences pass through a few musical tendencies like alternative rock, post-punk, folk, experimental, free jazz, Lo-fi music …in all that we find the experiments of R.Stevie Moore, the raw melodies of Maher Shalal Hash Baz, the spontaneity of 49 Americans. The touching female voices of Marine Girls, The Raincoats, and The Slits, then the Fanfares, the collective experiment of the Portsmouth Sinfonia, the figure of Dorothy “Dot” Wiggin, Harry Partch, the poetry of James Joyce…
G.M. : One last question addressed more specifically to you: you’re part of several groups: why do have this need to multiply these experiences and experiments?
J.T. : To quote them by name, I’m playing with I Apologize, (Jean-Luc Verna, Gauthier Tassart), Vitaphone (Pierre Ryngaert, Vincent Israel-Jost, Richard Höglund), The Stains (David Ancelin, Jerôme Robbe), Invisible Nuts (Laurent Isnard, Stephen Loye) then an underground duo with my partner Bettina Samson. All this has to do above all with a friendly musical adventure which extends the adventure of those who helped me get back into the swim of things when I was an occasional drummer : SpliTt (Jacques Julien, Hugues Reip, Dominique Figarella), Finger On You (Arnaud Maguet, Richard Prompt), John C Judd, Sugarcraft (John Deneuve, Doudouboy) and Stone & Charnel (Joël Hubaut and Léa Le Bricomte) …
Most of the members of these groups are also artists.
To answer your question, all these experiences which have been defined and are still being defined in the shared game enable me to understand that there’s a bit of memory in hand, a memory that I use so as to arrange myself with the music in the process of being made.
Translated by Simon Pleasance